Lutte contre la corruption sur les campus universitaires : l’investigation journalistique pour dévoiler les faits

Par Megan Valère SOSSOU

Pendant que beaucoup de gens luttent pour avoir de bons résultats professionnels, certains préfèrent s’adonner à de mauvaises pratiques. La corruption, l’extorsion de pots-de-vin, le harcèlement sexuel et les abus connexes sont là de grands problèmes qui affectent la qualité du système éducatif, particulièrement sur les campus universitaires des pays africains. La 11e journée de la Conférence africaine sur le journalisme d’investigation a débuté ce vendredi 16 octobre 2020 par une session sur les faits de corruption dans les campus universitaires d’Afrique.

Cette nouvelle session animée par Oluwatosin ALAGBE, a été marquée par l’intervention de trois acteurs, des journalistes d’investigation ayant une expérience avérée dans ce domaine. Tous sont unanimes sur le fait que l’investigation journalistique permet de dévoiler les faits de corruption dans les campus universitaires.

Luis Nhachote est journaliste au Mozambique. Grâce à son investigation, il a pu dénicher un pseudo-professeur d’université, détenteur d’un faux diplôme. Il affirme : « Il y a plein de gens incompétents et détenteurs de faux diplômes aussi bien dans les universités que dans les grandes institutions au Mozambique ».

Au cours de son exposé, Kiki MORDI, journaliste au Nigeria et auteur de plusieurs dénonciations liées au harcèlement sexuel en milieu universitaire, a déploré que même des centres chargés de lutter contre le fléau soient encore des nids de harcèlement sexuel. Elle ajoute que même les associations de lutte estudiantines restent muettes une fois qu’elles sont interpellées. « La jeune fille étudiante est sujette au harcèlement sexuel lorsqu’elle essaie de s’inscrire, d’avoir la moyenne en une matière, de passer en année supérieure ou même d’obtenir un logement », déclare Kiki MORDI.

Au Nigéria, le constat est le même. L’enseignement supérieur souffre d’un climat général de corruption. C’est ce qui ressort de la recherche de monsieur Yusuf ADEKUNLE qui a permis de débouter un responsable universitaire qui a usé de la corruption pour obtenir un poste au rectorat. « Notre enquête a permis sa suspension du système. Malheureusement, il a été mis en congé mais il continuait encore à percevoir son salaire ». Pour Yusuf, la corruption est présente dans tous les secteurs d’activité du Nigéria, bien que le Président ait affiché son combat contre le phénomène, soulignant que c’est un mal à combattre dans les pays en voie de développement car selon lui, la corruption hypothèque le développement des sociétés africaines. Convaincus que la corruption est à tous points de vue un problème mondial, les intervenants ont reconnu qu’il y a assez de faits à démontrer.

En général, le journalisme d’investigation permet de révéler au grand public des faits de corruption, de harcèlement sexuel et les abus connexes, a conclu Oluwatosin ALAGBE après un riche moment de questions-réponses à la fin de la session qui a duré une heure (01) de temps.

Rappelons que l’édition 2020 de l’African Investigative Journalism Conference (AIJC) se déroule en ligne en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus (Covid-19). Elle est organisée par le département de journalisme de l’université du Witwatersrand à Johannesbourg en Afrique du Sud. Plus grand rassemblement annuel de journalistes actifs en Afrique, l’AIJC propose plus de 25 sessions qui offrent des histoires, des nouveaux outils et techniques, du réseautage et des master classes. C’est l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences et de partager des expériences.

À propos de l’auteur

Megan Valère Sossou est journaliste, analyste environnemental et activiste bloggeur sur le blog ecocitoyenstv.blogspot.com au Bénin. Il est un boursier de l’AIJC2020.